SPELTERINI - Paréidolie
€18.00
SPELTERINI - Paréidolie
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SPELTERINI - Paréidolie [2022]
Trois ans après Pergélisol/Chorémanie, premier album diptyque croisant radicalisme post-punk et ambition minimaliste, le quatuor baptisé d'après Maria Spelterini, funambule italienne ayant franchi à plusieurs reprises les chutes du Niagara sur un fil en 1876, sort un second disque qui transcende ce délicat équilibre esthétique et l'amène à frayer bien au-delà/en-deça du rock et de l'électronique.
Quand Pierre-Antoine Parois, Arthur de La Grandière (membres de Papier Tigre), Meriadeg Orgebin et Nicolas Joubaud (membres de Chausse Trappe) ne sont pas dans les rangs de La Colonie de Vacances ou le nez dans le dictionnaire, à chercher des titres d'albums - la "paréidolie" est le phénomène qui fait que le cerveau crée des illusions optiques faisant apparaître des visages ou des formes familières là où il n'y a qu'abstraction – ils imaginent les lignes de fuite les plus radicales à leur "Drum & Drone" habité.
Tour à tour envoutante et entêtante, cette nouvelle pièce de trente trois minutes d'un post-krautrock aux accents industriels et aux allures de musique rituelle naît de l'interaction d'un drone et d'un rythme évoluant côte à côte, se croisant, se mélangeant et se répondant avant de disparaître.
Paréidolie s'ouvre dans une pureté proche du silence, une note synthétique tenue posée aux côtés d'un battement squelettique. Le spectre sonore s'élargit progressivement, pour multiplier et combiner peu à peu les sources et les textures électroniques jusqu'à générer de dissonants vertiges sinusoïdaux ponctués par une polyrythmie turgescente et appuyée de sursauts électriques ; jusqu'à la rupture marquée par un son de cloche.
De l'autre côté du miroir, le silence est bientôt progressivement balayé de modulations bruissées et de feed-backs électriques convulsés, restaurant lentement une dynamique pulsée, comme une vision en négatif des vingt premières minutes de la pièce telle qu'on l'entendrait derrière le rideau en velours rouge chez David Lynch. La cloche résonne à nouveau, sans s'arrêter cette fois, et clôt le morceau dans un tintement discontinu restaurant la pureté initiale.
Jeune projet résolument prometteur, Spelterini concilie la rigueur rythmique et texturale des post-rockers autrichiens de Radian aux incantations électriques régressives des américains de Mosquitoes et signe une pièce époustouflante évoquant un étrange rituel dans une centrale électrique.
Christophe Taupin
Pressing Information
VINYL : 12", Black